14e Prix Russophonie (2020)

Avec un volume plus important de traductions d’auteurs contemporains et la diminution du nombre de traductions d’auteurs classiques on assiste cette année pour la première fois à un basculement des publications. Sorte de point d’équilibre, on retrouve comme chaque année, mais en quantité moindre, des traductions d’auteurs de l’époque soviétique, confirmés comme Tchoukovskaïa, ou parfois oubliés comme Petrov ou Nikouline.

Le palmarès rend compte de cette diversité tout comme de celle du monde de la traduction russe. On y retrouve en effet pour leur première traduction deux toutes jeunes traductrices aux côtés de trois traductrices émérites passionnées qui ont mis toute leur virtuosité au service de la littérature russe, de ses auteurs et plus largement, à travers leur carrière d’enseignantes, à celui de la langue russe.

La lauréate, Anne Coldefy-Faucard, est aussi éditrice et traductrice de nombreux auteurs. Managara, le troisième opus de Vladimir Sorokine qu’elle traduit est une terrible dystopie où les individus se voient implanter des puces, et où la littérature se limite désormais à faire la fortune de jeunes entrepreneurs qui servent des viandes grillées … au feu de pages de grands classiques.

Hélène Henry et Anne-Marie Tatsis-Botton ont déjà été lauréates du prix Russophonie en 2007 pour l’une et en 2012 pour l’autre. Elles sont récompensées respectivement pour une traduction de poésie, Le corps revient: contre le lyrisme de Maria Stepanova et pour Mon siècle, ma jeunesse, d’Anatoli Mariengof, auteur au destin atypique qui traversa une époque redoutable sans être collaborateur ou martyr.

Nous l’observons depuis plusieurs années, la relève semble bien assurée comme en atteste cette année encore la présence au palmarès de deux jeunes traductrices. Myriam Odaysky a consacré une thèse à Barski ce qui la qualifiait d’emblée pour se lancer dans une entreprise qui n’était pas pour autant sans risques – traduire Pérégrinations (1723-1747), récit du périple passionnant d’un pèlerin russe entre la Russie et le mont Athos via l’Europe centrale, le Liban ou l’Egypte. Comme elle, Emma Lavigne livre sa première traduction avec un ouvrage monumental, traversé par un souffle épique, parcours jalonné d’écueils pour la traductrice: registres de langue multiples, difficulté inhérente à la traduction d’une vaste palette de textes inscrits dans la tradition orale tadjike et retranscrits en russe. Comme pour leurs aînées et pour bon nombre de traducteurs du russe (ceux qui peuvent prétendre au prix sont encore si nombreux!), leur réussite tient sans doute avant tout à la passion qui les anime.

Le jury: Elena Balzamo, Gérard Conio, Françoise Genevray, Natalia Jouravliova, Irène Sokologorsky.

Les nominés:

  • Anne Coldefy-Faucard pour la traduction de Manaraga de Vladimir Sorokine,
  • Hélène Henry pour la traduction de Le corps revient de Maria Stepanova,
  • Emma Lavigne pour la traduction de Zahhak, le roi serpent de Vladimir Medvedev,
  • Myriam Odaysky pour la traduction de Pérégrinations (1723-1747) de Vassili Barski,
  • Anne-Marie Tatsis-Botton pour la traduction de Mon siècle, ma jeunesse d’Anatoli Mariengof.

La lauréate: Anne Coldefy-Faucard pour la traduction de Manaraga de Vladimir Sorokine.

Lauréat(e) du 14e Prix Russophonie (2020)

Pour :

Nominé(e)s pour le 14e Prix Russophonie (2020)

ANNE-MARIE TATSIS-BOTTON
MYRIAM ODAYSKY
EMMA LAVIGNE
HÉLÈNE HENRY-SAFIER

Membres du jury du 14e Prix Russophonie (2020)

IRÈNE SOKOLOGORSKY
NATALIA JOURAVLIOVA
FRANÇOISE GENEVRAY
GÉRARD CONIO
ELENA BALZAMO

Catalogue du Prix Russophonie