13e Prix Russophonie (2019)

Nous retrouvons cette année trois anciennes lauréates au palmarès. A leurs côtés deux nouveaux venus, tous deux issus d’une maison d’édition renaissante qui vient s’ajouter à celles récemment créées (Louison, Mirobole, Agullo, Macha Publishing) et nous donnent toutes les raisons d’envisager avec confiance l’avenir de la littérature russe en France.

Christine Zeytounian-Beloüs, régulièrement présente au palmarès, reçoit en 2019 son 2e prix Russophonie pour L’Imparfait du temps passé de Grisha Bruskin. Evitant les écueils de l’autobiographie, Bruskin, nous dit Gérard Conio en forant le puits de sa mémoire affective, tire des pépites qui, en affleurant à la surface, sont autant d’épiphanies d’un monde parallèle, un monde spirituel qui sans doute est la source de son oeuvre artistique.

Parmi les finalistes, Sophie Benech pour la traduction de Voleur, espion et assassin de Iouri Bouïda, qui selon Françoise Genevray fait penser aux toiles de Jérôme Bosch, peuplées de créatures déchues et difformes: son univers allie naturalisme et fantasmagorie, passant de l’absurde au monstrueux, du pitoyable au scabreux, de la violence au burlesque. Mais sous la sauvagerie animale perce la nostalgie de l’idéal, énoncée ici à demi-mot par son père, là par la forte voix de la Joyeuse Gertrude clamant l’Hymne à la joie de Schiller; Hélène Henry pour la traduction inespérée – son éditeur le confirme: Ce livre, très follement porté par sa traductrice depuis des lustres, a été enfin imprimé – de la Cartothèque de Lev Rubinstein, dont Elena Balzamo note qu’il s’agit d’une oeuvre triplement intraduisible pour laquelle la traductrice accomplit cette fois encore un miracle; Bernard Jeuffrain pour l’ouvrage d’Olga Gromova L’Enfant de sucre: Exilée en Kirghizie sous Staline, que Natalia Jouravliova résume en une formule judicieuse: l’histoire d’un Robinson Crusoe plongé dans le système de répression soviétique, et qui y survit en restant malgré tout humain, honnête, libre de ses pensées et de ses choix; Maria-Luisa Bonaque pour Prague nuit rouge de Pavel Pepperstein, polar déjanté où nous dit Irène Sokologorsky descriptions réalistes des agissements de Korolenko (le héros), évocation poétique des rues et des places de Prague, envolées oniriques nourries de mythologie et du folklore slave, développements proprement hallucinatoires se mêlent dans une écriture nerveuse qui fait le charme de cette oeuvre.

Dimitri de Kochko quant à lui rappelle le parallèle entre russophonie et fancophonie comme espaces alternatifs au tout anglais des aéroports.

Nous ouvrons cette année notre catalogue aux slavistes: Hélène Mélat fait un état des lieux des conditions de distribution de la littérature en Russie où, malgré le démantèlement du système de distribution soviétique et le règne nouveau de la loi du marché, la littérature demeure sur son piédestal.

Avec ses 13 années d’existence, le Prix Russophonie et les Journées du Livre Russe qui en sont nées s’efforcent d’être ce piédestal en France.

Le jury: Elena Balzamo, Gérard Conio, Françoise Genevray, Natalia Jouravliova, Irène Sokologorsky.

Les nominés:

  • Sophie Benech pour sa traduction de Voleur, espion et assassin de Iouri Bouïda,
  • Maria-Luisa Bonaque pour Prague nuit rouge de Pavel Pepperstein,
  • Hélène Henry pour sa traduction de La Cartothèque de Lev Rubinstein,
  • Bernard Jeuffrain pour sa traduction de L’Enfant de sucre: Exilée en Kirghizie sous Staline d’Olga Gromova,
  • Christine Zeytounian-Beloüs pour sa traduction de L’Imparfait du temps passé de Grisha Bruskin.

La lauréate: Christine Zeytounian-Beloüs pour sa traduction de L’Imparfait du temps passé de Grisha Bruskin.

Lauréat(e) du 13e Prix Russophonie (2019)

Pour :

Nominé(e)s pour le 13e Prix Russophonie (2019)

BERTRAND JEUFFRAIN
HÉLÈNE HENRY-SAFIER
MARIA-LUISA BONAQUE
SOPHIE BENECH

Membres du jury du 13e Prix Russophonie (2019)

IRÈNE SOKOLOGORSKY
NATALIA JOURAVLIOVA
FRANÇOISE GENEVRAY
GÉRARD CONIO
ELENA BALZAMO

Catalogue du Prix Russophonie