traducteur
Jean-Baptiste Godon, né en l’an septante-huit à la Porte Clignancourt, a passé en pure perte le plus clair de son temps. Pas un mot, pas une ligne ne lui sont consacrés dans l’Annuaire du Gotha. On raconte seulement qu’il « s’assit à quatre ans dans une jatte de fraises, qu’il passa son bachot, fit son droit, son ballot et marcha sur Moscou ». C’est alors peut-être qu’il connut cette joie soûle et désespérée qui anime de nos jours la Russie acculée Au diable vauvert. C’est là-bas sans doute que l’envie le prit de ficher le camp au bout du monde et de traduire un livre. On le vit – якобы – se pavaner quelques mois au bord du Lac Tanganyika. Puis il s’assit à sa table et traduisit. Nul ne sait, pour dire vrai, ce qu’il devint par la suite. D’aucuns pensent qu’il aurait pris le froc et, tous s’en moquent, qu’il serait à présent auxiliaire de justice. Au diable vauvert et Alatyr sont ses premières traductions, il y a mis tout son coeur, sa candeur et son temps.
Lauréat du Prix Russophonie 2007 pour la traduction d’Au diable vauvert de Evgueni Zamiatine.