Pour concevoir la notion de « russophonie », Les Russes connaissent actuellement les difficultés qu’ont connues avant eux les Français pour appréhender la notion de francophonie.
Pendant longtemps, et parfois aujourd’hui lorsque la langue fourche ou que le protocole n’a pas veillé à tout, il arrive que des officiels français baptisent de Français des Québéquois ou des Suisses romands, voire des Algériens ou des Sénégalais… Une langue commune rend plus proche. Les références communes, des perceptions identiques, voire des sonorités pinçant les mêmes cordes sensibles assurent l’appartenance à une même famille. C’est tout l’intérêt affectif de ce patrimoine commun.
On n’en est pas pour autant des compatriotes et comme dans toute famille, la personnalité de chacun doit pouvoir trouver sa place. Il est évident qu’il n’y a aucune intention de blesser ou de vexer dans cette appropriation de la part de Français ou de Russes. Il y aurait même là une véritable affection. Mais elle peut être ressentie par certains comme une étreinte par trop étouffante. En raison du poids de l’Histoire ou simplement par un souci d’identité bien compréhensible et d’autant plus exacerbé qu’il s’est senti nié ou amoindri dans le passé.
C’est pourquoi, sans même envisager les situations conflictuelles qui existent pourtant, la question de l’appellation compatriote n’est pas anodine et reste sensible.
Paradoxalement, elle l’est davantage aujourd’hui pour les Russes que pour les Français. Les seconds se sont faits à l’idée de francophonie et ont accepté les différences en commençant même à en apprécier les richesses (par exemple le « courriel » des Canadiens s’impose peu à peu en France même face au « mel »bien peu imaginatif des académiciens français… ). Les Russes et leurs anciens « compatriotes » soviétiques pour le coup, ne s’y habituent pas encore parfois.
Paradoxalement aussi parce que l’empire russe, précisément parce qu’il était un empire, a beaucoup moins nié ou réprimé les nationalités ou les langues dans ses territoires que la France jacobine. On ne tapait pas sur les doigts d’un petit Tatare ou d’un Nenets qui parlaient leurs langues dans les écoles russes. Simplement, s’il souhaitait une progression sociale il se devait de parler la langue commune des peuples de l’empire. Rien de tel en France où la notion de République a pris le dessus sur celui de l’appartenance nationale bretonne, alsacienne, corse ou catalane.
De ce fait, la notion de bilinguisme redevient naturelle pour les Français après la parenthèse du XXème siècle, alors qu’elle n’a jamais cessé de l’être pour les Russes. Et pour ces derniers, la présence d’une seconde langue et la différence ethnique ou nationale affirmées n’ont jamais empêché d’être compatriote.
Dimitri de KOCHKO
Citation : Мне кажется, что если мы будем считать его единственным центром только Российскую Федерацию в современных границах, то мы тем самым погрешим против исторической правды и искусственно отсечем от себя многие миллионы людей, которые осознают свою ответственность за судьбы Русского мира и считают его созидание главным делом своей жизни.
Нужно выработать такой тон отношений, с помощью которого проявлялось бы уважение друг к другу, исключался бы всякий патернализм, всякая попытка играть роль «старшего брата», подчеркивались бы национальные интересы каждой из стран и выражались соборные усилия в строительстве общественной жизни с опорой на общую духовно-культурную традицию. В одиночку даже самые крупные страны Русского мира не смогут отстоять свои духовные, культурные, цивилизационные интересы в глобализирующемся мире.
Можно было бы даже ввести в употребление такое понятие, как страна Русского мира. Оно означало бы, что страна относит себя к Русскому миру, если в ней используется русский язык как язык межнационального общения, развивается русская культура, а также хранится общеисторическая память и единые ценности общественного строительства. В данном случае я не предлагаю чего-то нового, ведь примерно по такому принципу существуют такие объединения, как Британское содружество наций, содружества франкоязычных и португалоязычных стран, ибероамериканский мир.
Чтобы такой Русский мир был сплоченной реальностью, а не аморфным образованием, необходимо одновременно действовать на нескольких уровнях. Прежде всего мы должны опираться на взаимодействие между гражданскими обществами стран Русского мира.
Il y a 0 commentaires